Véro en Mai

Pascale BOUCHIÉ
ill. Yvan POMMAUX
L’École des loisirs. 2008 – rééd. 2018

Née en 1959, Véronique Robin a neuf ans en mai 1968. L’album Véro en Mai met en scène les “évènements”  à travers le regard de l’enfant.

Un rappel de l’après-guerre donne dès la première page le ton documenté, historique, de l’œuvre : les élections remportées par les communistes, le vote des femmes, la construction de logements, l’arrivée de travailleurs étrangers, les bidonvilles… aussi l’Indochine, “les évènements d’Algérie” et l’élection de Charles de Gaulle.

Le récit court au long des pages, il s’intercale là où le dessin lui laisse une place, il raconte la vie de Véro, de sa famille, une sorte de reportage sur une enfant de neuf ans en 1968. Elle est en CM1, elle habite dans un petit immeuble de banlieue.
L’illustration fait connaître cet immeuble, le plan de l’appartement, la famille qui déjeune dans la cuisine… et, comme dans une bande dessinée, des bulles font entrer dans la conversation familiale.
Tout au long de cet album, le dessin précis donne des milliers d’informations de toutes  sortes. La forme des frigos, des postes de radio, le mobilier, les voitures… et la presse de cette époque : Pilote, Mademoiselle âge tendre, la Bibliothèque rose, la Bibliothèque verte…

La mise en page très dynamique se révèle variée : petites vignettes, vues d’ensemble de la famille sur une bande étroite qui prend toute la page et, autour, des sortes de flash sur la chambre de Véro – Véro qui danse en chantant “c’est moi qui suis Colargol” – la mode des porte-clefs et le balcon des voisins…
Les évènements de mai 68 sont vus par les yeux de Véro: les nouvelles à la radio pendant les repas ; on entend parler de Nanterre, d’où part la contestation… les réactions de son père, celles plus engagées de son grand frère. Chez ses grands parents le dimanche, Véro câline sa petite sœur pendant que les adultes discutent, défendent leur opinion ou se fâchent.
Une double page décrit la nuit de manifestations que son frère raconte – les affrontements avec la police, les rues dépavées, les voitures brûlées, les poings levés…

Yvan Pommaux et Pascale Bouchié ont eu le souci de situer le contexte et l’alentour. Texte et dessins étant complémentaires, les images en disent beaucoup sur cet alentour.
À l’enfant lecteur d’observer, de fouiner, de ressentir, de s’étonner, de se questionner, d’en parler avec ceux qui ont vécu cette époque (elle n’est pas si lointaine) !
Au dos de la couverture, la parole est donnée “au pavé” célèbre par la formule qui courait sur les murs “Sous les pavés, la plage” : il y associe l’expression “un pavé dans la mare”, provoquant un grand plouf dont l’onde frémit encore. Le sable de la plage est là, et les vagues viennent lécher les pavés.

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